17/04/2015

Le cabinet de curiosité d'Atelier EG




 Acrobate

Atelier EG, pseudonyme qu’a choisi l’artiste, qui souhaite garder l’anonymat, est un artiste peintre et plasticien polyvalent. Né au Mans, il étudie ensuite à Rennes où il suit une formation en biologie en parallèle de sa pratique artistique et réside actuellement en région parisienne.  Touche à tout, il réalise des peintures aussi bien à l’acrylique qu’à l’huile et aborde des thématiques variées. Atelier EG fait appel à de nombreuses références pour réaliser ses compositions et forge ainsi une peinture très personnelle. Il travaille aussi bien sur petit que sur grand format et adapte les techniques aux sujets qu’il choisit de représenter. Devant la diversité stylistique et thématique des productions visuelles de l’atelier EG, l’œil, déboussolé par une telle diversité, ne saisit pas immédiatement une cohérence. De fait, il n’existe pas de fil directeur permettant de catégoriser un style ou une thématique caractéristique de l’artiste. Au contraire, son univers visuel fait se côtoyer, comme dans un cabinet de curiosité des scènes de marine classiques, des jeux d’enfants, saisis sur le vif, de manière impressionniste, ou encore des compositions surréalistes. On y trouve également des objets du quotidien, tel qu’un plateau de jeu d’échec, ou des reproductions d’artefacts préhistoriques, des pointes de flèches ou les sculptures de femmes dîtes « Vénus Hottentotes ou callipyges», comme autant de témoins d'une polyvalence propre aux ateliers d'artistes populaires: « Je travaille de multiples médiums. A mes yeux c’est le sujet qui justifie la technique, et c’est l’essence de l’œuvre qui exige tel ou tel support de réalisation. Je produis des acryliques ou des huiles aussi bien au couteau qu’au pinceau, mais aussi des sculptures  ou des moulages. J’aime m’approprier des références, des techniques ou des savoirs et les combiner en un hommage aux relations entre la nature et l’art. Je réalise mes œuvres en fonction de chocs esthétiques qui m’ont particulièrement frappé. Il s’agit d’un processus complexe et intuitif qui parfois prend plusieurs mois. Je suis l’évolution de mon travail en prenant systématiquement des photos de chaque œuvre à plusieurs étapes de la réalisation. Chaque tableau se suffit à lui-même et je réalise peu de séries autour d’un même thème, aussi il est difficile de suivre une évolution stylistique dans mon travail. Néanmoins, à mes yeux, chaque œuvre se complète et mon travail suit différents fils directeurs en parallèle. »



Aglaé à la côte


Picagritte



 Dame de Bassempouy


On perçoit en effet plusieurs axes directeurs récurrents dans le travail de l’atelier EG, qu’il exploite par alternance au cours de ses différentes productions. Des détails de l’histoire de l’art ainsi que des connaissances en sciences naturelles ou en littérature sont synthétisés et traduits visuellement : « J’accorde une grande place à mes connaissances en biologie dans mon travail de peinture. Par exemple, en observant l’œuvre d’assemblage de Picasso intitulé Picagritte, j’ai immédiatement fait une analogie entre la forme de l’œuvre et le taureau long Horn américain, pourtant très différent des taureaux andalous que Picasso connaissait bien. Je me suis approprié ce motif en réalisant une toile ou je décompose en trois étapes le processus de transformation du taureau en œuvre d’art. Je représente ainsi la réalité : un portrait du taureau long Horn avec ses caractéristiques physiques, puis la mort de l’animal et l’épuration de sa forme en représentant son crâne, et enfin, une copie de l’œuvre de Picasso. Ce processus de dissection de l’œuvre fait à la fois écho à ma passion pour la biologie et pour l’histoire de l’art en les synthétisant visuellement la vie, la mort et le passage à la postérité. Ou encore, de manière similaire, j’ai choisi d’exploiter des détails anodins pour donner du sens à ma toile « Amour impossible», qui est à la fois un clin d’œil aux nymphéas de Monet et qui présente au premier plan un crapaud de Madagascar et une grenouille amazonienne. Cet amour est impossible car ces deux espèces ne sont pas amenées à se rencontrer étant donné la distance de leurs origines géographiques et leurs modes de vie différents. De plus, j’ai encore accentué cette incohérence en assemblant des végétaux de milieux très différents et qui ne cohabitent pas habituellement. J’aime également jouer visuellement autour des expressions littéraires. Par exemple en réalisant mon Dionysos à la manière d’Archimboldo, j’ai utilisé plusieurs expressions: la gorge du personnage est représenté par des bananes enserrant une pomme, la « pomme d’Adam », ses joues sont symbolisées par deux pêches, d’après l’expression « avoir une peau de pêche », chaque élément qui compose le visage transporte son propre imaginaire que j’ai voulu exploiter. »


 Hommage à Archimboldo



Craintive



 Tryptique


Parallèlement à ces cheminements de la connaissance, qui offrent la part belle à l’imaginaire et au culturel, les peintures de l’atelier EG laissent également entrevoir une exploitation du quotidien et un caractère confidentiel qui se joignent au traitement narratif de chaque toile.  Si l’artiste puise principalement son inspiration de sources intellectuelles, d’autres thèmes plus familiers, tels que l’intimité de la sphère familiale ou encore les marines, apparaissent également de manière récurrente. Des membres de sa propre famille ou encore des lieux chers à son enfance reviennent çà et là dans son œuvre.  Chacune des peintures de l’artiste raconte une histoire autonome, se lisant sur plusieurs niveaux, et se suffit à elle-même. Devant l’intégralité de son travail, le spectateur est comme transporté dans un livre de contes, dont chaque fable est traitée différemment mais sur une trame familière. Sa quête d'aventure, maritime, humaine, artistique, et son intérêt pour les jeux de l'esprit le mènent naturellement sans cesse vers d’autres horizons: « Dans le futur j’ai envie de travailler sur le thème du rébus en réalisant des illustrations de jeux de mots autour de noms ou de citations d’artistes célèbres. J’ai également le projet, en collaboration avec quelques artistes, de créer le collectif APY, qui a pour but de créer un réseau d’artistes, d’organiser des événements artistiques collectifs et de louer une galerie afin d’exposer des projets de manière permanente dans un lieu adapté à cela». J’invite le lecteur à se rendre sur la page web de l’artiste afin de suivre son actualité artistique, mais surtout de découvrir l’intégralité de sa production.



Amour impossible



Pièce d'échec



Pièce d'échec


15/04/2015

Les cocons de Cynthia Dormeyer



Un nid proche de l'éclosion



Sur des fonds abstraits aux couleurs douces et chaudes se détachent des motifs semi-figuratifs évoquant tour à tour des cocons de vers à soie, suspendus dans leurs fils au-dessus du cosmos, des villes prises dans d’immenses toiles d’araignées, des planètes ou des œufs soutenus par un enchevêtrement de fils blanc rappelant un nid. Une impression sécurisante se dégage des toiles de Cynthia Dormeyer, qui explore les imaginaires associés à la notion d’espace, intérieur comme extérieur, minuscule comme gigantesque. De la chrysalide, qui évoque l’échelle miniature des insectes, aux planètes, qui ouvrent à la dimension infinie de l’univers, en passant par la ville, qui constitue l’échelle humaine, la jeune artiste synthétise différentes topographies en un espace réconfortant et particulièrement attrayant. Ayant suivi une formation en art appliqué ainsi qu’en infographie, Cynthia Dormeyer mêle les techniques entres elles afin de parvenir à un résultat dépaysant, qui invite l’esprit à s’évader dans un univers visuel onirique: « Je travaille généralement avec des techniques mixtes sur toile: peinture acrylique, bombe acrylique, feutres Posca ou Molotow, collages. Lorsque je commence une peinture, soit j'ai réalisé préalablement un croquis, soit j'ai une idée des couleurs et de la composition en tête et je me lance directement. Je n'aime pas passer trop de temps sur un tableau, c'est pour cette raison que j'utilise l'acrylique, qui sèche rapidement. Je travaille souvent sur plusieurs projets en même temps afin d’alterner mon travail. Je cherche à transcrire l'émotion de manière spontanée. En moyenne mon travail s’étale sur quelques jours pour les peintures acryliques, quelques heures pour les peintures numériques.  Mais certaines de mes oeuvres, comme les peintures mixtes, où j’emploie des techniques aussi bien picturales que numériques, peuvent mettre des mois avant d'être achevées. Par exemple, pour réaliser "Cocon entoilé", j’ai eu besoin de temps avant de trouver l’équilibre juste dans la composition. Il m'arrive de m'appuyer sur des photos, qui me servent de référence, mais la plupart du temps le résultat final ne ressemble pas du tout à la photo, car j’accorde une grande importance à l’accidentel. On m'a plusieurs fois demandé comment je travaillais et, comme je maîtrise mieux le langage des images, j'ai créé un blog qui présente le processus de mes créations et que j’illustre grâce à des démonstrations vidéos, des making of,  des tutoriels, et des conseils pour les artistes. Voici par exemple trois vidéos, qui présentent ma façon de travailler » :







Cynthia Dormeyer assemble des modes d’expressions abstraits et figuratifs de manière eurythmique. Ses compositions, agencées de manière complexe, paraissent organisées en systèmes, où chaque élément figuratif, flottant au milieu d’un espace abstrait insaisissable, est englobé dans une structure plus large, se divisant en arborescence : « J’accorde beaucoup d’importance au mode d’expression usant de moyens abstrait: cela m’offre une grande liberté et me permet d’exprimer un panel d'émotions qui me viennent successivement au cours de la réalisation. Je souhaite avant tout apporter des sensations de chaleur, de la douceur, inviter le spectateur à un voyage intérieur, à oublier le quotidien pendant quelques instants. De plus l’abstrait permet de créer une connexion sensible avec le spectateur, à qui je donne tout de même des pistes interprétatives en intégrant des éléments plus "figuratifs" à mon travail ».


  
Urban city



La maison mère
 



 Nid-éclosion

L’œuvre de Cynthia Dormeyer fait penser à un jeu autour de l’interprétation littérale de l’expression « être dans sa bulle ». La majeure partie de ses toiles sont composées d’un arrière-plan épuré et coloré, parfois tonifié par quelques tâches de dripping, qui déploie un espace ouvert, traité de manière lointaine, parfois un peu floue, combiné à un premier plan fait d'espaces clos, plus détaillés, et qui semblent plus proches, à la manière d’un focus photographique. Ce procédé de distanciation des plans accentue l'impression d’opposition entre cet intérieur et l'extérieur. Le motif du premier plan, enserré dans un réseau de fils, forme un lieu fermé, autonome, qui évoque l’intériorité. Qu’il s’agisse du cocon, de l’œuf, de la bulle et même de la ville ou de la planète, chacun de ses motifs évoquent des imaginaires sécurisants, du fait qu'ils sont presque systématiquement englobés dans un réseau plus large, indépendant de l’arrière-plan, de fils blanc, qui composent un plan intermédiaire faisant jonction entre ces mondes intérieurs et extérieurs. Cette « toile » est à la fois une structure pour la composition, une relation entre les motifs, ainsi qu'une sorte de piège emprisonnant les cocons, qui donne une impression figée voir hiératique aux compositions. L’artiste explore ainsi les possibilités imaginaires associées à ces entrelacs blanc, qui relient des motifs d’une grande cohérence sémiotique : « Tout est parti d'un coup de cœur pour une structure architecturale en forme de cocon suspendue dans les arbres, créée par le groupe Pacific  Environments Architects. Je me suis appropriée la forme de cette structure et au fil du temps et du travail, elle a évolué. J’ai intégré de nouvelles techniques, élargi ma palette de couleurs, exploré de nouveaux imaginaires associés au motif du cocon. Par exemple celui de la sphère, peu présente dans mes premières œuvres, a pris de plus en plus d’importance. Le motif du cocon représente pour moi une bulle de protection, un monde dans lequel chacun vit et développe son imaginaire. A travers ce thème, je représente mon intériorité, que le spectateur est libre de s'approprier à sa façon. Cependant, vivre dans son monde est une chose, mais il faut savoir être curieux et s'intéresser à ce qui se passe à l'extérieur de cette bulle, c’est pourquoi j’ai pris le parti de réaliser des fonds mystérieux, au sein duquel l’œil se perd».



Bulles pétillantes



Cocon épisode 1




Cocon-série 2



Cocon- série 1

Cynthia Dormeyer a débuté sa carrière il y a peu de temps, mais l’importance de sa production, l’originalité de son univers visuel et sa grande énergie lui ont permis de s’intégrer rapidement au monde de l’art : « J’échange régulièrement avec d'autres artistes, notamment sur le web. Ils me prodiguent des conseils et me communiquent leur savoir. Aujourd'hui mes projets se sont développés, j’ai entrepris des partenariats artistiques, un soutien que j'apprécie beaucoup et qui me permet d'avancer plus rapidement. Environ un an après la fin de mes études, mes travaux ont été publiés dans le magazine "Book of creation" d'Advanced Creation. J’ai alors commencé à exposer et cela m'a encouragé à me lancer. J’ai eu la chance de voir mes efforts récompensés en me voyant offrir l'honneur de présenter mon travail au cours d’un reportage sur France 3. J'expose également de manière permanente plusieurs de mes peintures à l'agence Design Atout Carreaux à Reims. Je considère ces marques de reconnaissance pour mon travail comme des victoires personnelles qui me poussent à continuer. Notamment, j'expose du 1er au 28 avril 2015 au centre culturel Les Tourelles à Vouziers. Une exposition personnelle intitulée" Univers" en combinaison avec une installation de jeux de lumière ». Je prédis à Cynthia Dormeyer une belle carrière artistique et j’invite le lecteur à se rendre sur la page web consacrée à sa peinture et sur les différents réseaux sociaux où elle expose afin de suivre son actualité et l’évolution de son travail. (liens en bas de page)



Étude du cocon



Nid d'ailleurs



Cocon-épisode 2



Naissances


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