25/10/2014

La Dramstars, un autre œil sur la banlieue





La voyante, 45,71x26,46 cm, 2013.

Les cités de banlieue forment un sujet de société en débat de manière si récurrente qu’il peut sembler presque banal, néanmoins, sa fréquente mise en discussion ne semble pas parvenir à obtenir de changement réel de la situation et, au contraire, alimente souvent des clichés sur certaine tranches de la population qui ne facilitent pas leur intégration. En effet, les mêmes stéréotypes sont incessamment propagés par la surreprésentation de multiples faits divers relayés par les médias, employés comme argument dans les discours politiques et mis en scène dans des fictions, des reportages, des documentaires. Ainsi, le cadre de la cité de banlieue, en particulier la nuit, évoque un imaginaire inquiétant. Néanmoins cette image négative peut et doit être nuancée et le biais la photo peut se faire le support d’un autre regard. Ce médium permet de saisir les non-dits et les tensions sous-jacentes, de symboliser des situations, de traduire un événement ou même une époque par la mise en scène d’un instant.
 Les photos en noir et blanc ou en couleur de la Dramstars traduisent un recul intéressant sur les scènes de banlieue et entretiennent un lien étroit avec l’identité et la mémoire. Réalisées dans une démarche à la fois analytique, documentaire et artistique, elles questionnent les stéréotypes associés aux banlieues  et présentent aussi bien la vie foisonnante qui s’y déroule en journée que le vide de ses rues la nuit. Tour à tour frappantes, touchantes ou intrigantes, ces photographies offrent un point de vue unique sur la cité.

Banlieue.... En caisse, 45,86x25,08 cm, 2013.

Le quartier a des yeux, 46,08x30,72 cm, 2013.

Qu’est ce qui vous a poussé vers la photographie ?

La photo possède un pouvoir de transmission très important. Avec le temps et la généralisation des appareils photos de bonne qualité sur les téléphones portables, le plaisir de saisir des instants a surpassé mon besoin de transmettre. Cependant, si j’ai toujours été intéressé par la photo, ce sont mes proches qui m’ont poussé à devenir professionnel et à acheter mon premier appareil photo digne de ce nom en 2011. J’ai ensuite cherché à obtenir des critiques de professionnels pour avancer et j’ai présenté mon travail à différents centres culturels, notamment un centre de formation où j’ai pu participer à la création d’un livre avec d’autres photographes professionnels : la femme plurielle, à tort et à corps.

Asseyons nous..., 40,96x30,72 cm, 2012.

La princesses du ghetto, 26,25x40,41 cm, 2013.

Quelles sont vos principales techniques ?

Je suis encore entrain de perfectionner la technique argentique pour les photos de jour, en général j'emploie la technique numérique, surtout pour les photos de nuit. Je travaille principalement à la pause longue, avec un mouvement du modèle ; cela créé un effet de flouté exprimant le mouvement, qui s’oppose à l’aspect hiératique du béton et de la ferraille. J’emploie également différents effet  pour des rendus sépias, bleutés ou anciens.

Désolation, 46,03x30,79 cm, 2014.

CDPDV, 44,40x27,28 cm, 2013.

Banlieue la chapelle Paris I, 39,98x21,38 cm, prise en 2012.

Comment en êtes vous venu à photographier les cités de banlieue ?

 Je montre ce que je connais. Je suis issu de la banlieue et le plus souvent je connais bien les gens que je photographie. Je veux mettre en lumière la pluralité des identités de la banlieue, aussi bien la solitude qui y règne la nuit que la vie fourmillante qui y suivait son train quelques heures auparavant. Il est important de briser le reflet déformé de la banlieue qui « fait peur », qui est encore souvent présent dans les esprits, en présentant des témoignages réels de la vie dans les cités et en humanisant les personnes qui y vivent. Les photos permettent de créer un discours sociologique par le biais du visuel et de briser les stéréotypes en montrant des moments uniques.

Sans titre 5, 46,08x30,72 cm, 2013.

Tâche, 2013, 44,87x26,34 cm.

Le travail photographique de la DramStars, à la fois artistique et social, propose une vision personnelle et percutante du rythme routinier de la vie de banlieue vue de l’intérieur et comporte un intérêt sociologique et esthétique frappant. J’invite le lecteur à se rendre sur sa page web afin d’en découvrir d’avantage sur son travail:

19/10/2014

Victor Poirine, la peinture classique à l'époque moderne

Chicago dans le fog, 58,5 x 49,5 cm, huile sur toile marouflée sur carton

Victor Poirine est un jeune et talentueux artiste, à la fois peintre et dessinateur, originaire de Lorraine mais résidant actuellement en région parisienne. Son travail constitue un intéressant espace de jonction entre formes classique et moderne, qu’il articule de manière innovante, créant ainsi son univers visuel personnel. En effet, l’artiste s’inspire aussi bien de la peinture classique, que de l’esthétique de jeux vidéo, de bande dessinée ou de cinéma d’animation actuel et réalise tour à tour des scènes d'intérieur, des paysages urbains ou ruraux, des portraits, des natures mortes ou encore des compositions imaginaires où se mêlent robots, vaisseaux spatiaux, villes futuristes et espaces industriels désertiques qui évoquent l'univers de la Science-fiction.  

 Sans titre, 32,5 x 37 cm, huile sur papier toile

Sa maîtrise technique tant en peinture qu’en dessin ou en création d’image numérique est tout à fait remarquable : les compositions de ses travaux sont solides et harmonieuses, le travail des contrastes est subtil et les couleurs particulièrement réalistes. L’intérêt principal de son travail réside dans les mises en lumière de ses sujets, à la fois poétiques et  structurées, qui invitent le spectateur à combler les vides et à imaginer ce qui se trouve derrière les vagues de brumes, dans les éclats de lumière ou les zones d'ombre.


Illumination mystérieuse, 17 x 31,5 cm, huile sur panneau

L'artiste, très productif, réalise de nombreux croquis et petites études à la peinture sur carton de tout petit format, qu'il réalise le plus souvent sur le vif. Ces travaux d'observation sont complétés par des compositions imaginaires, le plus souvent à la peinture, réalisées en atelier. Il se dirige actuellement vers des formats de plus en plus grands et souhaite développer son univers visuel faisant appel à l'imaginaire de la Science-fiction.
L'artiste fait preuve d'une grande économie de moyen et laisse visible la matière de la peinture en employant des touches vives mais généreuses, réalisées au pinceau ou au couteau, qui brossent le sujet pour en saisir l'essentiel: les lignes et les contrastes.

 Ce que je peux voir par ma fenêtre, 18,8 x 20 cm, 15,7 x 20,6 cm, 20,5 x 12,3 cm,
acrylique sur papier cartonné


Sujet d'expérimentation. Vue de Paris, 31,7 x 16,6 cm, 25 x 17,3 cm,
18,1 x 13,6 cm,
huile sur carton


Pourriez-vous brièvement nous décrire votre parcours artistique ?

Après quelques années  passées à me forger une culture artistique générale en étudiant l’Histoire et l’Histoire de l’art à l’université, je suis entré à l’école d’art  Penninghen ESAG à Paris où j’ai obtenu d’excellents résultats. Néanmoins, je n’ai pas achevé ce parcours, qui ne me convenait pas et je préfère maintenant travailler chez moi ou directement en extérieur, je réalise en effet de nombreux croquis et esquisses pour m’exercer et m’inspirer et je considère comme crucial ce travail de recherche à partir de l'observation de ce qui m'entoure. J’ai également  suivi l’enseignement de l’artiste Yann Berte avant même d’être entré à l’ESAG et je prends encore souvent conseil auprès de lui. Actuellement professeur en PAO et création graphique à l'Ecole Supérieure du Digital (ESD) je poursuis ma démarche en offrant une grande place aux méthodes de composition classiques dans mon enseignement.

Autoportrait, 37 x 29 cm, crayon fusain

Case de décors science fiction, 11,5 x 7,5 cm, gouache ou au crayon


Quels sont les principaux médiums que vous employez ?

J’utilise souvent le fusain et le crayon pour dessiner mais aussi la pierre noire, la craie ou l’encre de chine. Quand je peins, j’emploie la gouache pour mes peintures analytiques, l’acrylique pour plus de dynamisme avec la trace du pinceau et la peinture à l’huile pour les rendus plus classiques. Enfin j’ai également appris l’usage de divers logiciels en autodidacte.




Etudes de paysages, tailles comprises entre 8,3 et 22, 15 cm, acrylique


Peinture de mon espace de travail, 50 x 42 cm, huile sur carton

Quelles sont vos sources d’inspiration principales ?

Je puise beaucoup dans les esthétiques du jeu vidéo et du cinéma d’animation, milieux qui m’intéressent et que je pense véritablement créatifs. Cependant, j’apprécie aussi la peinture classique et m’en inspire également. Par exemple pour ce qui est du traitement des ombrages j’emprunte les techniques de la peinture de Rembrandt, pour le traitement naturel des couleurs je puise dans la peinture néo-classique et de peintres tel que Kim English. Le courant Impressionniste m’intéresse également dans son effort de traduction de la lumière et de l’instant et celui de l’art nouveau m’attire par sa puissante modernité. Cependant, je ne peux pas dire qu’un artiste ou un courant particulier ai influencé plus qu’un autre mon travail.

Personnage, 38 x 11cm, acrylique 
 Personnage avec des pattes mécaniques, 27, 5 x 33 cm, peinture à l'huile 
 
Avez-vous des projets, anciens ou nouveaux, que vous souhaitez mentionner dans cet article ?

Un de mes travaux en 2011 m’a particulièrement marqué, j’ai réalisé avec mon frère  une Bande Dessinée pour le CHU de Nancy à destination de détenus. La bande dessinée traitait du déroulement des étapes de leur hospitalisation. Cela m’a permis de prendre conscience du langage presque universel des images. 




 Montagne, 50 x 65 cm, huile sur carton

La cité dans la caverne, 24,5 x 34,5 cm, huile sur panneau

 Etude d'une orange et de deux clémentines, 36,5 x 28 cm, huile sur carton entoilé

Le travail de Victor Poirine mérite tout l’intérêt du lecteur que j’invite à se rendre sur le site et la page facebook de l’artiste, où il pourra découvrir l’intégralité de son travail : 

http://victorpoipoi.wix.com/victor-poirine-art

 https://www.facebook.com/victor.poirine.concept.artiste?ref=hl&ref_type=bookmark

14/10/2014

Patrick Boussignac, l’inventivité iconographique






Esmeralda, 116cmx114cm

L’impressionnante production de peintures figuratives de Patrick Boussignac constitue un univers visuel personnel et innovant particulièrement attrayant. Ses toiles représentent généralement un ou plusieurs personnages, aux identités culturelles très diverses, traités de manière réaliste. Ces personnages tirent leur pouvoir de fascination d’un délicat mélange d’érotisme et de traits inquiétants (maigreur, pâleur, mise en scène évoquant le vertige, la violence ou même la mort).  L’artiste met en scène  ses personnages de manière théâtrale, en s’appropriant librement des motifs et des thèmes classiques, issus de la littérature, de l’histoire de l’art et de mythes propres à diverses cultures. 
En effet, la pluralité des sources d’inspiration artistiques dans lesquelles puise Patrick Boussignac est impressionnante. On remarque aisément des allusions aux courants réaliste, orientaliste, fantastique ou surréaliste, à la peinture italienne de la Renaissance et au préraphaélisme, à des identités culturelles exotiques ou familières, à la bande dessinée, à la photo de mode ou encore à l’art abstrait. Le spectateur est ainsi projeté dans une construction visuelle à la fois intellectuelle et sensible, poussant à l’introspection culturelle et à une réflexion sur les codes que l’œil absorbe au musée. Dans le but de mieux saisir sa démarche, j’ai pu poser quelques questions à Patrick Boussignac.

  
Judith and Holopherne, (Private collection-Paris) 146x114 cm



Rhinomachie N°2, 165x130 cm

-Pourriez-vous brièvement décrire votre parcours artistique ?

Après une formation initiale en arts appliqués, j'ai reçu l’enseignement de « peintres de la Réalité », spécialistes du trompe l'œil et des techniques anciennes, tels que Henri Cadiou, Claude Yvel, Nadine Leprince, etc. Puis, j’ai fait la rencontre de Gérard Di Maccio, ce qui m’a entrainé vers la peinture fantastique durant une courte période. Je me suis également intéressé à la création d’affiches, à l’illustration de presse et à la Bande dessinée. Néanmoins, si ces expériences ont été formatrices,
je suis un peintre avant tout et j’ai rapidement choisi de développer mon propre univers pictural.


Saint Just, (Collection particulière –Thionville)  61x50cm


Hypnosia, (Collection Theatre Mogador -Paris) 130cmx 86 cm


-J'ai remarqué divers aspects de la peinture classique agencés de manière innovante dans vos toiles. Puisez-vous votre inspiration auprès de courants, de styles ou d'artistes particuliers ?

Bien sûr, mais souvent de manière inconsciente, sauf évidemment dans ces dernières  toiles où je m'inspire effrontément de Mondrian, disons que je le prolonge. Néanmoins, mon inconscient est tellement "imbibé" par les  centaines  d'heures que j’ai passé dans les  musées que ma main ressort tôt ou tard ce qui m'a  ému ou impressionné.




Running lady, (Collection privée –Kazakhstan) 116cmx140 cm




Starting block lady (80F) (Private collection.Avenue Foch Paris)




Praying lady, ( collection privée Stuttgart) 100x81cm  


-Pourriez-vous détailler les principales techniques que vous employez ?

J’emploie la technique la plus classique du monde: l’esquisse à la tempera. Je réalise ensuite les finitions à la peinture à l'huile, grâce à laquelle je réalise des effets d’empâtements ou de glacis.


Le siège de la Rochelle, 195x130 cm


Vahiné renaissance, (Youkoulélé maid) 100x81 cm


Quelle importance accordez-vous à la figuration ? Vous inspirez-vous de personnes, de photos ou bien est-ce-que les personnages que vous réalisez sont issus de votre imagination?

J'ai la chance d'avoir un don pour le dessin et d’avoir exploité ce don en travaillant beaucoup. La figuration réaliste possède, pour moi, une importance particulière parce qu’elle est accessible et esthétique. De plus, ce style permet de montrer ma maîtrise technique. Chaque  toile demande un travail de préparation important : recherche de documentations, photos, ambiance colorée, position des personnages etc. Je réalise donc des croquis préliminaires, néanmoins mes toiles sont des reflets de ma vision personnelle et comportent une partie d’accidentel.



Le Vol d Icare, (Collection privée Metz) 146x114cm


L’Offrande, 195x130 cm

-J'ai pu remarquer que vous prenez souvent le parti intéressant d'articuler plusieurs identités culturelles autour de thèmes classiques. Quelle importance revêt pour vous ce type de représentation et comment choisissez-vous ces iconographies?

Tout se fait par association d'idée, par métonymie. Je cherche des points communs entre les mythes de différentes religions, des jonctions entre diverses cultures. Par croisement, je crée des mises en scènes confrontant différents imaginaires. Ce procédé offre un certain recul, qui permet d’envisager ces thèmes avec un œil nouveau et de questionner les identités.

 


The truth, 100x100 cm


The Bermuda triangle, 130x162cm


Noli me Tangere  (the Dalit/the untouchable ), ( Private collection Stuttgart) 130cmx160 cm


De ces renouvellements résultent des scènes fantastiques qui rompent brutalement avec les codes représentatifs de l’histoire de l’art et interpellent l’œil de l’amateur d’art. Les toiles de Patrick Boussignac sont emplies d’une multitude de références artistiques et d’analogies culturelles qui s’entremêlent pour créer de nouvelles iconographies par lesquelles l’artiste compose sa propre mythologie.

J’invite vivement le lecteur à visiter la page web de Patrick Boussignac, où l’artiste présente ses toiles et les propose à la vente.