Le MuMo à Trébédan le 26/06/14
Le MuMo ou Musée Mobile est une
initiative de l’association L’art à l’enfance, fondée par Ingrid
Brochard en 2010. Cette passionnée d’art contemporain, originellement
propriétaire d’une entreprise de cosmétique, a fait appel à de
nombreuses personnalités artistiques afin de créer un musée qui va
directement à la rencontre des enfants, dans les endroits les plus
dépourvus d’accès à l’art contemporain et ce, à travers le monde. Le
musée se présente sous la forme d’un camion, conçu par l’architecte Adam
Kalkim, qui peut se déplier et former une plate-forme en W, capable
d’accueillir un groupe d’enfants pour qu’ils y découvrent des œuvres. Le
musée possède en effet une grande collection de sculptures, vidéos,
installations qui ont été gracieusement offertes par des artistes du
monde entier. Il compte nombre de pièces remarquables, notamment signées
de Daniel Buren, Paul Mc Carty, Maurizio Cattelan, Ghada Amer, Pierre
Huyghe, Nari Ward, Florence Doléac, Chéri Samba, James Turrel et
Eija-Liisa Ahtila.
Découverte des «Baisers», sculpture de Ghada Amer
Le MuMo n’est pas un espace scolaire et
les instituteurs ne visitent pas en même temps que les enfants ce musée
ludique et interactif. Ils y sont initiés à l’art par une intervenante
spécialisée, Magalie, que j’ai interviewée pour qu’elle nous explique
plus en détail le fonctionnement de ce musée.
Comment définiriez-vous le but du musée mobile ?
Le MuMo apporte l’art contemporain à des
enfants qui n’y ont pas accès. Nous nous rendons dans des espaces
isolés, dépourvus de musées et où l’art contemporain est inaccessible.
Nous allons directement près de ces écoles, où nous déplions le camion
pour qu’il se transforme en un musée, ouvrant sur quatre espaces
distincts, chacun plongeant les enfants dans un univers différent :
peinture, sculpture, installation, vidéo, design, etc. Nous y
accueillons les classes une par une afin de les sensibiliser en petit
groupe. De plus, les conducteurs de camion qui m’accompagnent dans ces
tournées et les instituteurs de ces écoles profitent également de ce
contact avec les œuvres. En somme, il s’agit de donner accès à l’art
contemporain, grâce à un contact direct avec les œuvres, à des personnes
qui en sont privées.
Comment sont choisies les œuvres présentées aux enfants pour les sensibiliser à l’art contemporain ?
Les œuvres ont toutes étés offertes
bénévolement par des artistes reconnus de l’art contemporain et le musée
a été conçu avec l’aide de pédopsychiatres afin de le rendre sécurisant
et ludique. De plus, le musée s’adapte à l’espace visité et les
collections sont renouvelées régulièrement. Par exemple, pour la tournée
en Espagne qui débutera prochainement, le musée s’est spécialement vu
doté d’œuvres de l’artiste espagnol Mickael Barcelo afin de présenter
aux enfants des artistes partageant leur culture. Ou encore, lors de la
première tournée en Afrique (Côte d’ivoire, Cameroun, etc.) un artiste
chinois a crée un immense rhinocéros coupé en deux afin de sensibiliser
les enfants africains à l’écologie en faisant appel à la faune qu’ils
côtoient.
Y a t-il un thème commun aux œuvres présentées dans le musée ?
Ingrid Brochard a proposé aux artistes
le thème du « vivre ensemble », mais naturellement il y a d’autres
contraintes pour créer des œuvres destinées à être transportées et
exposées à des enfants : elles doivent bien sûr ne pas être fragiles et
surtout être ludiques !
Comment se déroule une visite type du musée mobile ?
Quand le MuMo est contacté par une
école, les visites sont organisées par classe. Les enfants entrent sans
leur instituteur et sont laissés libres avec les œuvres. Je les amène à
réfléchir sur celles-ci et nous abordons plusieurs thèmes ensemble. Je
leur demande ce qu’ils ressentent devant les œuvres et ce qu’ils voient
en premier quand ils sont devant elles; je leur parle également de l’art
contemporain, de ce qu’est un musée et naturellement des artistes qui
ont créé ces œuvres. Ensuite, les instituteurs découvrent à leur tour le
MuMo et sont invités à télécharger le dossier pédagogique présent sur
notre site afin de donner une suite à cette expérience. Enfin, si nous
le pouvons, nous entrons en contact avec un centre d’art, une résidence
d’artistes ou un musée à proximité et nous proposons aux classes de s’y
rendre après la visite du musée pour découvrir l’art contemporain
présent près de chez eux.
Comment les classes sont-elles mises en contact avec le MuMo ?
Par le bouche à oreille et la
communication faite par l’association et les médias. Les instituteurs
sont invités à nous contacter directement pour que nous allions à leur
rencontre. Le service est entièrement gratuit car l’association est
financée par de nombreux mécènes: il suffit donc d’un accord avec la
mairie. Notre prochaine tournée en France débutera d’ailleurs en février
2015 et nous espérons être appelés par de nombreuses classes !
Atelier-photo animé par le collectif Faux Amis à Savins le 2 Juin 2014
Le site du MuMo, dont le lien se trouve
ci-dessous, présente chaque artiste dont les œuvres sont exposées et
recense les projets de tournées dans différents pays. C’est une très
belle initiative que représente un tel musée qui, à l’encontre des
citadelles réservées aux plus informés, aux plus nantis et aux plus
éduqués, se déplace lui-même pour aller à la rencontre des jeunes
sensibilités; d’autant plus belle si l’on songe que la forme d’art
spécifique aux jeunes enfants, longtemps réprimée et corrigée par les
adultes, a précisément trouvé une reconnaissance avec la naissance de
l’art contemporain. J’engage le lecteur à s’informer d’avantage sur ce
projet et les enseignants à entrer en contact avec le MuMo en vue de sa
prochaine tournée française! http://www.musee-mobile.fr/index.html
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